Un argument contre l'euthanasie

L’argument principal que je voudrais présenter contre la légalisation de l’euthanasie peut se formaliser rigoureusement par le syllogisme suivant.

1)     L’homicide volontaire doit être illégal

2)     Or l’euthanasie est un homicide volontaire

3)     Donc l’euthanasie doit être illégale (par 1 et2)

L’argument est logiquement valide. Cela signifie que s’il on admet la vérité des prémisses, la conclusion est inévitable.

Par homicide volontaire j’entends tout simplement l’acte qui consiste à tuer intentionnellement une personne humaine innocente[1]. Par conséquent, la prémisse 2 de notre argument est indéniable. En effet, la définition même de l’euthanasie est «un acte ou une omission délibérée dont l’intention est de provoquer la mort chez un patient». Plus précisément, il s’agit d’un « acte consistant à provoquer intentionnellement la mort d’un patient afin de soulager ses souffrances physiques ou morales considérées comme insupportables, soit en agissant à cette fin, soit en s’abstenant d’agir. »[2] Il s’agit donc bien d’un homicide volontaire.

En réalité la seule prémisse qu’il nous faut justifier dans notre argument est la prémisse 1. Pourquoi penser que l’homicide volontaire doit être illégal ? Pourquoi devrait-il être illégal de tuer intentionnellement une personne humaine innocente ?N’y a-t-il pas des exceptions à ce principe ? Je défend la thèse que non. L’immoralité du meurtre d’une personne innocente est un principe essentiel à toute société. L’interdiction du meurtre est un des principes fondateurs d’une civilisation évoluée.

Or la loi en faveur de la légalisation de l’euthanasie implique ni plus ni moins de vouloir légaliser le meurtre[3]dans certaines circonstances. Ceci est un bouleversement absolu du principe moral issue de la loi naturelle : « Tu ne commettras pas de meurtre ». Il s’agit là aussi d’un reversement total du rôle de la médicine. En effet, celle-ci a toujours eu pour finalité de protéger la vie d’autrui par d’exécuter les patients malades ou ceux qui en font la demande parce qu’ils n’ont plus envie de vivre. Toute personne ayant lu le serment d’Hippocrate sait très bien que la médecine, à l’origine, a pour finalité de soigner et non de tuer.[4]C’est pourquoi, d’après l’article R4127-38 du Code de la santé publique, CSP(Article 38 du code de déontologie médicale) : « Le médecin doit accompagner le mourant jusqu’à ses derniers moments, assurer par des soins et mesures appropriés la qualité d’une vie qui prend fin, sauvegarder la dignité du malade et réconforter son entourage. Il n’a pas le droit de provoquer délibérément la mort. »

[1] Ici le concept d’innocence se réfère au fait de n’avoir commis aucun crime. Ainsi ma prémisse ne se prononce pas sur le débat concernant la peine de mort. Bien que les partisans de la peine de mort et les anti-peine de mort diffèrent sur lamoralité de l’exécution des grand criminels, ils peuvent néanmoins se mettre d’accord sur une chose : il est immoral de tuer celui qui n’a commis aucun crime. Cela suffit pour établir notre conclusion anti-euthanasie.

[2] https://sante.lefigaro.fr/social/sante-publique/euthanasie/quest-ce-que-cest

[3] J’utilise le mot meurtre et homicide de manière interchangeable car d’après l’article 221-1 du code pénal actuellement en vigueur : « Le fait de donner la mort à autruiconstitue un meurtre ».

[4] ArticleL1110-9 du CSP : « Toute personne malade dont l’état le requiert ale droit d’accéder à des soins palliatifs et à l’accompagnement »

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