Nous portons des jugements en permanence. Dois-je confier mon enfant à cette personne ? Cette personne me dit-elle la vérité ? La personne qui s'est excusée est-elle sincère ? Nous jugeons ce qui est bien et ce qui est mal. Ce que nous ne devons pas juger, c'est l'état de l'âme d'une autre personne ou sa destination. En effet, un acte qui concerne un mal objectif n'est qu'une condition du péché mortel. Il faut aussi qu'il y ait pleine connaissance et plein consentement, sinon la culpabilité du péché peut être diminuée. Seul Dieu le sait avec certitude.

"En effet, l'amour lui-même pousse les disciples du Christ à dire la vérité salvatrice à tous les hommes. Mais il faut distinguer entre l'erreur, qui mérite toujours d'être répudiée, et la personne dans l'erreur, qui ne perd jamais la dignité de personne même lorsqu'elle est entachée de notions religieuses fausses ou inadéquates. Dieu seul est juge et sondeur des cœurs ; c'est pourquoi il nous interdit de porter des jugements sur la culpabilité interne de qui que ce soit" (Gaudium et Spes 28, 2).

Il n'est jamais permis de laisser quelqu'un dans l'ignorance sur des questions graves de foi et de morale, car le Christ nous a ordonné de prêcher l'Évangile à toutes les créatures et de leur apprendre "à observer tout ce que je vous ai prescrit" (Mt. 28:20). La prudence exige cependant que vous choisissiez la manière, le moment et le lieu appropriés.

Bien qu'il soit normal de se sentir intimidé ou mal à l'aise lorsqu'on aborde une question morale délicate, ne laissez pas la peur et l'intimidation vous empêcher de dire la vérité. Vous devez témoigner de la vérité pour le bien de l'autre. La vérité est le cadeau le plus aimant que vous puissiez faire à quelqu'un. Pour vous préparer à de telles discussions, continuez à progresser dans votre compréhension des enseignements de l'Église afin de pouvoir témoigner plus efficacement - et priez. Le pape Paul VI donne cette exhortation dans Evangelii Nuntiandi : "On attend de tout évangélisateur qu'il ait le respect de la vérité. . . . Il ne trahit ni ne cache la vérité par désir de plaire aux hommes, pour étonner ou choquer, par souci d'originalité ou par désir de faire impression. Il ne refuse pas la vérité. Il n'obscurcit pas la vérité révélée parce qu'il est trop oisif pour la chercher, ou pour son propre confort, ou par peur" (EN 78).

Il demande ensuite à chaque évangélisateur "de prier sur la pensée suivante : Les hommes peuvent obtenir le salut par d'autres voies, par la miséricorde de Dieu, même si nous ne leur annonçons pas l'Évangile ; mais nous, pouvons-nous obtenir le salut si, par négligence, par crainte, par honte - ce que saint Paul appelait "rougir de l'Évangile" - ou par suite d'idées fausses, nous ne l'annonçons pas ? Car ce serait trahir l'appel de Dieu, qui veut que la semence porte du fruit par la voix des ministres de l'Évangile ; et il dépendra de nous qu'elle pousse en arbres et produise son plein fruit" (ibid., 80).