Aidez-nous ! Notre jeune prêtre nouvellement ordonné a refusé d'enlever le précieux sang qu'un ministre extraordinaire de l'Eucharistie avait renversé à son insu sur la moquette. Il a dit que Thomas d'Aquin enseignait que lorsque le pain ou le vin consacrés changent d'apparence, Jésus n'est plus présent, donc lorsque le Précieux Sang sèche, Jésus n'est plus présent. Il faut donc le laisser sécher pour que Jésus disparaisse. Nous ne croyons pas qu'il s'agisse là des enseignements de Thomas ou de tout autre docteur de l'Église.
Ce que le prêtre vous a dit est en partie correct et en partie incorrect. La partie correcte est que, lorsque les éléments n'ont plus l'apparence du pain ou du vin, le Christ cesse d'être présent. Si une goutte du précieux sang a séché, elle n'a plus l'apparence du vin et le Christ n'est donc plus présent. C'est l'enseignement catholique historique. Le Christ n'est présent que tant que les espèces de pain et de vin conservent l'apparence du pain et du vin. C'est l'enseignement de Thomas d'Aquin :
S'il y a un changement dans les accidents [apparences] qui n'aurait pas suffi à corrompre le pain et le vin, le corps et le sang du Christ ne cessent pas d'être sous ce sacrement à cause de ce changement, que ce soit du côté de la qualité, comme, par exemple, lorsque la couleur ou la saveur du pain ou du vin est légèrement modifiée, ou du côté de la quantité, comme lorsque le pain ou le vin est divisé en parties telles qu'elles conservent en elles la nature du pain ou du vin. Mais si le changement est si grand que la substance du pain ou du vin ait été corrompue, alors le corps et le sang du Christ ne demeurent pas sous ce sacrement, et cela soit du point de vue des qualités, comme lorsque la couleur, la saveur et les autres qualités du pain et du vin sont altérées au point d'être incompatibles avec la nature du pain ou du vin, soit du point de vue de la quantité, comme, par exemple, si le pain est réduit en fines particules ou le vin divisé en gouttes si minuscules que les espèces du pain ou du vin ne subsistent plus. (Summa Theologiae III:77:4)
Malheureusement, votre prêtre se trompe complètement sur ce qu'il faut faire lorsque le précieux sang se répand. L'Église exige que l'endroit soit lavé avec de l'eau, diluant le précieux sang de sorte qu'il n'ait plus l'apparence du vin et que le Christ cesse d'être présent, et que l'eau soit ensuite versée dans le sacrarium. Il n'est pas permis d'abandonner une tache jusqu'à ce qu'elle sèche. L'Instruction générale du Missel romain stipule ce qui suit : "Si du sang précieux a coulé, il faut laver l'endroit et verser l'eau dans le sacrarium" (239).
Il n'est pas permis de verser le sang précieux lui-même dans le sacrarium ; seule l'eau qui a été utilisée pour laver et dissoudre les espèces sous lesquelles le sang précieux était présent peut y être versée. Le document des évêques américains Ce Sacrifice Saint et Vivant affirme avec force : "Il est strictement interdit de verser le sang précieux dans le sol ou dans le sacrarium" (38).