Dans le dialogue interreligieux, une interrogation revient souvent : chrétiens, juifs et musulmans prient-ils le même Dieu ? Certains affirment que oui, puisque ces trois traditions se réclament d’Abraham. D’autres objectent que les différences doctrinales sont si profondes qu’il s’agit de divinités différentes. L’Église catholique, notamment depuis le concile Vatican II, a apporté des précisions nuancées sur cette question.

Pour l’Église, le lien avec le peuple juif est unique et indéfectible. Le Dieu révélé à Abraham, Isaac et Jacob est bien le même que celui que les chrétiens adorent, car le christianisme s’enracine dans l’Ancienne Alliance (CEC §839-840). Jésus lui-même est le Messie promis dans les Écritures d’Israël. Ainsi, la foi chrétienne ne remplace pas le Dieu d’Israël, mais reconnaît son accomplissement en Jésus-Christ.

Dans Nostra Aetate (n° 3), le concile Vatican II déclare :

« L’Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu un, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes… »

Cela signifie que l’Église reconnaît que les musulmans se réfèrent au Dieu unique, Créateur de tout. Cependant, cette reconnaissance ne signifie pas une identité totale de foi : l’islam nie la Trinité et la divinité du Christ, vérités centrales de la foi chrétienne. Certains ont mal interprété ce texte en y voyant une affirmation que les chrétiens et les musulmans croiraient exactement la même chose. En réalité, Vatican II constate que les musulmans prétendent adorer le Dieu unique et qu’il existe des éléments communs (monothéisme, création, jugement dernier), mais il ne nie pas les divergences fondamentales.

La foi chrétienne confesse un Dieu trinitaire — Père, Fils et Saint-Esprit — et reconnaît Jésus-Christ comme vrai Dieu et vrai homme, Sauveur du monde. Ces vérités sont rejetées par l’islam, ce qui montre que la compréhension chrétienne de Dieu est profondément différente, même si l’objet ultime de l’adoration est affirmé comme unique et créateur.

Deux erreurs opposées circulent :

• L’exclusivisme radical : affirmer que juifs ou musulmans prient un autre dieu comme s’il s’agissait d’une idole païenne.
• Le relativisme religieux : dire que toutes les religions parlent exactement du même Dieu et enseignent la même chose.
  
  

L’enseignement catholique évite ces deux extrêmes, reconnaissant des points de convergence tout en affirmant la plénitude de la vérité révélée en Christ.

Oui, les chrétiens, les juifs et, dans une certaine mesure, les musulmans, se réfèrent au Dieu unique Créateur. Mais seule la foi chrétienne reconnaît pleinement sa révélation définitive en Jésus-Christ, Fils de Dieu et Seigneur. Vatican II n’a pas dilué cette vérité, mais a invité au dialogue dans la clarté et le respect.