Le commentaire du magazine Time que vous citez provient du groupe notoirement mal nommé "Catholic For a Free Choice" (CFFC). Frances Kissling a longtemps dirigé ce groupe, qui a été plus récemment dirigé par Jon O'Brien. Ce groupe n'a jamais été et ne sera jamais reconnu comme une entité authentiquement catholique, et il reçoit un soutien important de la part de groupes qui s'opposent à la mission de l'Église catholique.
O'Brien commet plusieurs erreurs dans son éditorial. Par exemple, il mélange vérité et mensonge en affirmant que l'enseignement de l'Église selon lequel "un être humain doit toujours obéir au jugement certain de sa conscience" (CEC 1790) fournit une justification morale au choix de l'avortement. Ce faisant, il oublie commodément qu'un catholique est tenu de former sa conscience, en particulier à partir des enseignements de l'Église (CEC 1785) et notamment de ces règles morales fondamentales :
Le choix de l'avortement viole clairement ces trois règles. Par conséquent, on ne peut jamais avoir une conscience vraiment sûre et choisir l'avortement. Pour tenter de faire valoir son argument en 2015, M. O'Brien cite le théologien peu fiable qu'est le père Richard McBrien. En outre, comme Vatican II l'indique clairement, la conscience ne donne pas aux catholiques individuels un droit de veto arbitraire sur tous les enseignements de l'Église qu'ils n'aiment pas. Au contraire, en évaluant les décisions de leur conscience, les catholiques sont confrontés à une loi objective, donnée par Dieu (voir Romains 2:14-16), à laquelle ils doivent obéir, et non à une loi qu'ils peuvent ignorer ou réécrire :
Au fond de sa conscience, l'homme décèle une loi qu'il ne s'impose pas à lui-même, mais qui l'oblige à l'obéissance. L'appelant toujours à aimer le bien et à éviter le mal, la voix de la conscience s'adresse au besoin à son cœur : fais ceci, évite cela. Car l'homme a dans son cœur une loi écrite par Dieu ; y obéir est la dignité même de l'homme ; c'est selon elle qu'il sera jugé (Gaudium et Spes 16).
En outre, l'Église n'a jamais fondé son enseignement sur de prétendues découvertes scientifiques du XVIIe siècle qui auraient vu des "fœtus d'animaux entièrement formés" à travers les lentilles de "microscopes primitifs". O'Brien ne fournit aucune citation pour cette affirmation fallacieuse.
Au contraire, précisément en raison des lacunes de la science au cours des siècles précédents, l'Église n'était pas sûre du moment où l'enfant à naître était asservi. Pourtant, comme le fait remarquer à juste titre M. O'Brien, l'Église a toujours enseigné que l'avortement est une destruction gravement répréhensible de la vie humaine (CEC 2271). En outre, grâce aux progrès de la science, l'Église peut aujourd'hui enseigner en toute confiance que "la vie humaine doit être respectée et protégée de manière absolue dès le moment de la conception. Dès le premier instant de son existence, l'être humain doit se voir reconnaître les droits de la personne, parmi lesquels le droit inviolable de tout être innocent à la vie" (CEC 2270). Le pape Jean-Paul II a définitivement réaffirmé l'enseignement de l'Église sur l'avortement dans son encyclique Evangelium Vitae de 1995 (57).