Dans la société du Ier siècle, un homme s’accomplissait par le mariage et la transmission de la vie. Jésus, lui, a bouleversé cette vision. Avec lui, la fécondité devient avant tout spirituelle. On entre dans le peuple de Dieu par le baptême, et l’épanouissement ultime se trouve dans la charité, pas dans la descendance. Resté célibataire, le Christ s’est donné à tous sans se lier à une seule personne. C’est cette image que le prêtre est appelé à refléter : celle de l’Époux qui se donne totalement à son Épouse, l’Église.
Les racines du célibat sacerdotal plongent loin dans l’histoire : dans l’Ancien Testament, les prêtres juifs observaient la continence pendant leur service au Temple. Dans l’Église primitive, plusieurs prêtres et évêques étaient mariés, mais la continence leur était demandée après leur ordination.
Au IVᵉ siècle, le concile de Nicée interdit de se marier après l’ordination. Le canon III stipule : « Le grand concile interdit de manière absolue de permettre aux évêques, aux prêtres, aux diacres, en un mot à tous les membres du clergé, d’introduire auprès d’eux une compagne, à moins que ce fût une mère, une sœur, une tante ou enfin les seules personnes qui échappent à tout soupçon ».
En Orient, les prêtres peuvent rester mariés, mais les évêques sont choisis parmi les célibataires. En Occident, le pape Grégoire VII impose au XIᵉ siècle le célibat à tous les prêtres, brisant ainsi le risque de dynasties familiales dans le clergé ; quelques décennies plus tard, en 1139, le concile de Latran II scelle définitivement cette discipline en interdisant le mariage des prêtres.
Pour l’Église latine, le célibat ne se justifie pas seulement par des raisons pratiques. C’est un signe sacramentel fort. Le prêtre n’est pas un simple gestionnaire de paroisse : il représente le Christ au milieu de son peuple. Sa disponibilité n’est pas seulement une question d’emploi du temps, mais une ouverture totale de son être à Dieu et aux autres.
En vivant du Christ ressuscité, il annonce que la vie éternelle est déjà commencée, ici et maintenant. Son célibat devient alors un témoignage concret que le Royaume de Dieu est réel et proche. En renonçant à une union humaine pour se donner pleinement à Dieu et à l’Église, le prêtre vit un engagement qui puise sa force dans l’exemple du Christ. Une tradition ancienne, certes, mais toujours porteuse de sens pour l’Église d’aujourd’hui : celle d’un amour offert sans partage, au service de tous.