La réponse est oui. Ce que le pape saint Pie X a défini comme une hérésie est toujours une hérésie aujourd'hui, et son encyclique sur la question mérite d'être lue. Mais reconnaître cela est très différent d'être d'accord avec ceux qui, dans la droite catholique, déclarent que telle ou telle opinion ou pratique est "moderniste".
Donnons une définition simple du modernisme : il s'agit de l'idéologie qui réduit la révélation divine et la vie surnaturelle de la grâce à être le résultat d'une attitude ou d'une tendance subjective de la part de la nature humaine. Le modernisme conserve donc tout le vocabulaire et les formes extérieures de la vie de l'Église orthodoxe, mais il les réinterprète dans le sens de la philosophie moderne "subjectiviste".
Il ne fait aucun doute que ce point de vue hérétique affecte l'enseignement d'un certain nombre de théologiens modernes et que les résultats de leur enseignement sont évidents dans l'Église d'aujourd'hui. Néanmoins, il existe des théologiens modernes importants qui ont été accusés de modernisme mais qui, en fait, étaient des catholiques fidèles et des promoteurs de l'orthodoxie. Parmi eux, le père Joseph Ratzinger ! Nous devrions donc veiller, lorsque nous sommes en désaccord avec un théologien particulier (certaines réserves concernant Hans Urs von Balthazar me viennent à l'esprit), à ne pas nous précipiter en lui imputant des erreurs qu'il a en fait rejetées et contre lesquelles il s'est battu.
Le modernisme est une hérésie, bien vivante dans de nombreux programmes de RCIA et de diaconat, mais il est irréfléchi et peu charitable d'accuser d'hérésie toute personne avec laquelle nous sommes en désaccord. Certaines opinions "progressistes" sont en fait correctes.