Tout d'abord le mot Noël provient du latin « natalis » qui signifie « de naissance », le mot « noël » est l'élision de la locution natalis dies qui signifie donc « jour de naissance ». La formule est d'abord employée en latin ecclésiastique pour désigner la Nativité du Christ.
D'après certains, Noël serait soit une version christianisée des Saturnales soit une version christianisée de l'anniversaire de naissance de Sol Invictus. (le « soleil invaincu »). C’est faux, comme beaucoup de choses à l’encontre du christianisme. Et malheureusement ces affirmations sont véhiculées sans fondements et répétées traditionnellement par beaucoup sans recherches personnelles.
1. Les Saturnales
En ce qui concerne les Saturnales, il s'agissait d'un festival célébré par les membres de la religion d'état en l'honneur du dieu Saturne sous la république romaine puis sous l'empire romain jusqu'en 380 après Jésus-Christ, année au cours de laquelle le christianisme devint la religion d'état à la place du paganisme. A l'origine, cette fête n'avait lieu que le 17 décembre mais sa durée fut ensuite étendue et elle finit par être célébrée du 17 au 23 décembre.
Les romains célébraient les Saturnales du 17 au 23 décembre - pas le 25 décembre.
On a parfois prétendu que les chrétiens n'avaient fixé Noël au 25 décembre que dans le but d'inciter les païens à abandonner les Saturnales au profit de la Nativité du Christ, ce qui est absurde. En effet, si tel avait été le but, cette fête aurait été placée du 17 au 23 décembre afin qu'elle coïncide avec la fête de Saturne. Aucun historien digne de ce nom ne saurait envisager cette hypothèse comme sérieuse.
2. Sol Invictus
L'autre affirmation souvent entendue est que les chrétiens de Rome auraient placé la fête de Noël au 25 décembre afin de substituer celle-ci à la fête romaine de la naissance du soleil invaincu. La fête de la naissance du soleil invaincu (Dies Natalis Solis Invicti) fut créée en 274 après Jésus-Christ par l'empereur Aurélien. Beaucoup prétendent que la création de celle-ci précéda les premières célébrations de Noël. Qu'en est-il vraiment ?Les sources les plus anciennes que nous possédons sont un chronographe datant de 354 après Jésus-Christ mentionnant la célébration d'un Noël chrétien ainsi que des traces écrites attestant que l'église de Rome célébrait le Dies Natalis Christi (« jour de naissance du Christ ») le 25 décembre 336, soit 62 ans après la création du Dies Natalis Solis Invicti païen. Néanmoins, cela ne signifie pas que les chrétiens tentèrent de remplacer la fête païenne par une fête chrétienne ou qu'ils cherchèrent à la christianiser. Premièrement, le fait que nous n'ayons pas retrouvé de trace écrite de célébration de Noël avant 336 après Jésus-Christ, ne signifie pas que cette fête n'ait pas été célébrée précédemment. Il est utile de rappeler qu'entre 64 et 313 après Jésus-Christ, la religion chrétienne était illégale dans tout l'empire romain et que les chrétiens étaient systématiquement exécutés par les moyens les plus cruels lors de ces persécutions. Par conséquent, ils ont été contraints de devenir une société secrète se réunissant en cachette dans des catacombes et célébrant la messe sur des tombeaux. Lorsque l'Édit de Milan fit du christianisme une religion autorisée par la loi en 313, les chrétiens restèrent prudents : après tout, ils se souvenaient que les persécutions romaines avaient cessé en 186 pour finalement reprendre trois ans plus tard. La prudence était donc de circonstance et, par conséquent, c'est l'une des raisons pour lesquelles nous n'avons pas trouvé de trace écrite de célébration de Noël antérieure à 336 après Jésus-Christ. Le fait que nous n'ayons pas encore découvert de documents chrétiens plus anciens associant l'expression Natalis Dies (« Noël ») au 25 décembre est malheureusement utilisé par certains pour affirmer que nous avons choisi cette date afin de christianiser la fête de la naissance de Sol Invictus.
Le pape Marc en 336 avait rédigé le premier calendrier faisant l'inventaire des festivités religieuses. Le 25 décembre était déjà marqué comme jour de la célébration de la Nativité du Christ. Noël a été officiellement institué par la suite en 353 par le pape Libère, probablement dû au fait que les chrétiens n'étaient plus persécutés. En 425, l'empereur Théodose 2 codifia officiellement les cérémonies de la fête de Noël.
De plus, nous savons que les chrétiens considéraient que le 25 décembre était la date de l'anniversaire de la naissance de Jésus-Christ au moins 53 ans avant que l'empereur Aurélien n'ait créé le culte du Soleil Invaincu (Sol Invictus) et n'ait placé la célébration de sa naissance au 25 décembre. En 221 après Jésus-Christ, l'historien chrétien Sixte Jules l'Africain (Sextus Julius Africanus) nous informe, dans son compte-rendu de l'histoire du monde en cing volumes (Chronographiai) que les chrétiens célébraient déjà l'Annonciation le 25 mars. En d'autres mots, les chrétiens considéraient déjà en 221 de l'an de grâce, que Jésus-Christ avait été incarné dans le ventre de la Bienheureuse Vierge Marie un 25 mars (jour traditionnel de sa conception), soit neuf mois avant le 25 décembre. Par conséquent, nous savons que les chrétiens considéraient que le 25 décembre était la date de l'anniversaire de la naissance de Jésus-Christ au moins 53 ans avant que l'empereur Aurélien n'ait créé le culte officiel du Soleil Invaincu et n'ait placé la célébration de sa naissance au 25 décembre. Historiquement, il semble plutôt que ce soit l'empereur Aurélien qui ait institué le Dies Natalis Solis Invicti le 25 décembre afin de combattre par la concurrence la religion catholique, qui, rappelons-le, était illégale.
Comme pour Pâques, les églises orientales et occidentales observaient Noël différemment et, jusqu'à récemment, les Arméniens ne le célébraient pas du tout. L'Occident a ouvert la voie avec une célébration distincte basée sur la Nativité, se terminant par la sainte messe. Noël n'a pas été une fête assimilée avant le quatrième siècle. En fait, il n'y a jamais eu de débat sur la naissance du Christ, mais plutôt sur sa célébration, car Noël a mis du temps à se développer.
Conclusion : Noël n'est ni une version christianisée des Saturnales ni une version christianisée de l'anniversaire de naissance de Sol Invictus
« Qu'on ait soin, dans la nuit de la Nativité du Sauveur, de célébrer des messes et d'y chanter solennellement l'hymne angélique. C'est en effet durant cette nuit qu'un ange le fit entendre pour la première fois aux bergers. L'Évangile, parole de vérité, nous l'enseigne... Telle est la raison pour laquelle il faut chanter l'hymne des anges aux messes célébrées la nuit de la Nativité. »
Saint Télesphore (en l’an 129)