En général, l'Église a encouragé le Renouveau charismatique, à condition qu'il soit correctement ancré dans l'enseignement de l'Église et soumis à l'autorité de l'Église. Par exemple, en 1998, le pape Jean-Paul a exhorté les charismatiques catholiques à "sauvegarder leur identité catholique" et à maintenir les relations appropriées avec leurs évêques diocésains et le Saint-Siège.

Malheureusement, au cours des décennies passées, l'enthousiasme associé au Renouveau charismatique a souvent eu pour conséquence que des catholiques mal formés ont quitté l'Église parce qu'ils percevaient leurs paroisses locales comme "mortes", en dépit de la réalité permanente de l'Eucharistie et d'autres sacrements vivifiants dans ces paroisses. En 2000 et 2001, l'Église a également mis en garde contre les abus dans les services de guérison.

En ce qui concerne les dons spirituels, l'Église fait les distinctions qui s'imposent. Le Catéchisme de l'Église catholique affirme que "la grâce est avant tout le don de l'Esprit qui nous justifie et nous sanctifie" (CEC 2003). L'Église ajoute au paragraphe 2003 que les grâces sont des grâces sacramentelles - dons propres aux sacrements - ou des grâces spéciales, appelées aussi charismes, ce qui en grec se réfère aux "dons gratuits". Ce sont les grâces que l'Église appelle les dons extraordinaires de prophétie, de langues ou autres (1 Cor. 12:4-11) mais qui sont toujours au service de la grâce sacramentelle et donc du bien commun de l'Église.

Si nous considérons les dons charismatiques sous cet angle, nous voyons que le mouvement de l'Esprit agit dans l'Église selon sa volonté et avec la coopération des fidèles. En même temps, le mouvement rappelle la subordination des dons charismatiques aux dons donnés par les sacrements - en particulier, les sept dons de l'Esprit Saint, tels qu'ils sont exprimés dans Isaïe 11:2-3, donnés à chaque chrétien dans le baptême et approfondis dans la confirmation.

Vous avez également posé une question sur le style charismatique du culte, y compris lors des messes. L'Église n'a pas de directives universelles spécifiques à cet égard, bien qu'il existe des normes générales interdisant aux fidèles, y compris aux prêtres, d'ajouter ou de modifier quoi que ce soit dans la Messe de leur propre autorité (voir Vatican II, Sacrosanctum Concilium 22.1-3).

D'autre part, les partisans du charisme soutiendront que des expressions de piété légitime peuvent être introduites dans la Messe, selon la tradition canonique de l'Église (voir le Code de droit canonique, can. 22 et suivants). Et ils noteront, par exemple, que la prière avec les mains levées a eu lieu dans de nombreuses messes dans la Cité du Vatican et ailleurs à Rome lors de conférences reconnues et supervisées par le Saint-Siège, et que cette pratique piétiste est également bien fondée bibliquement (voir Psaumes 28:2, 63:4, 134:2, 141:2).

Ils avanceront des arguments similaires pour la prière en langues, bien qu'étant donné l'étrangeté de cette pratique pour la plupart des catholiques, son expression devrait être limitée aux messes spécifiquement proposées aux groupes charismatiques catholiques. (On pourrait avancer le même argument, mais avec moins de force, pour la prière avec les bras levés). Alors qu'au cours des années passées, les charismatiques catholiques priaient en langues pendant la consécration de la Messe, on observe une tendance à s'en abstenir et à ne prier de cette manière qu'au cours du Gloria.

Certains débattent de l'authenticité de la prière en langues, la qualifiant de "charabia pieux" et la distinguant du don de parler en langues. D'autres citent saint Paul pour étayer l'authenticité de ce don, qui consiste à prier en prononçant des paroles inintelligibles.

Contrairement aux autres dons charismatiques, le parler en langues est difficile à authentifier dans la pratique. Les leaders charismatiques décrivent également le parler en langues comme un don que la plupart des personnes ouvertes à sa réception reçoivent. Quoi qu'il en soit, personne ne devrait se sentir obligé de rechercher ou de manifester un don ou un style de prière particulier.

Enfin, une action distinctive dont tous les charismatiques catholiques font l'expérience est d'être prié pour recevoir le "baptême du Saint-Esprit". Ce terme peut prêter à confusion, car il ne s'agit pas d'un sacrement, et l'on reçoit indubitablement le Saint-Esprit au moment du baptême. Mais les charismatiques catholiques décrivent cette expérience comme un éveil des dons reçus au baptême et à la confirmation, ce qui accroît l'expérience de l'Esprit dans leur vie et, par conséquent, une activation plus complète des dons susmentionnés.