Tout d'abord, jusqu'au XVIe siècle, pratiquement tous les chrétiens croyaient que le pain et le vin devenaient véritablement le corps et le sang du Christ. C'est une longue période. La plus grande et la plus ancienne Église chrétienne y croit encore, tout comme les Églises orthodoxes. Il doit donc y avoir quelque chose de crédible à ce sujet.

Il est vrai que pour les Juifs, consommer du sang était une abomination. L'Écriture nous dit que beaucoup de disciples de Jésus n'ont pas pu l'accepter et que, dès lors, ils ne l'ont plus suivi (Jn 6,66), mais pas tous. Jésus dit alors aux Douze : "Et vous, voulez-vous aussi vous en aller ? Simon Pierre répondit : "Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as le message de la vie éternelle, et nous croyons, nous savons que tu es le Saint de Dieu" (Jn 6,67-69). Ces disciples ont accepté ce qu'il disait, non pas parce qu'ils comprenaient, mais parce qu'ils croyaient en lui.

Si Jésus parlait simplement de manière symbolique, il aurait pu facilement rappeler les autres disciples et leur expliquer qu'il ne parlait pas de manière littérale. Il ne l'a pas fait. Nous croyons que Jésus est Dieu. Il est incroyable que Dieu aime tellement ses créatures qu'il est devenu l'une d'entre elles et qu'il leur a permis de le torturer et de le mettre à mort pour leur bien. Le moment où il est mort concerne toutes les personnes qui ont vécu sur cette terre avant le Vendredi saint et toutes celles qui vivront après. Il transcende le temps.

L'Église et tout ce qui la concerne est incarné parce que Jésus s'est incarné. Il a utilisé l'eau et la salive, le pain et le vin, ainsi que son propre corps et son propre sang, pour servir ceux qui avaient besoin de lui. Puisque Jésus est Dieu, s'il a dit que le pain et le vin deviennent son corps et son sang, alors ceux qui reconnaissent sa divinité ne devraient avoir aucune difficulté à croire que c'est vrai parce que, comme les Douze, ils croient en lui. Ce n'est certainement pas plus extraordinaire que son Incarnation !

Puisque le moment de sa mort transcende le temps, le célébrer dans le temps n'est pas créer une autre Passion et une autre mort ; c'est l'adorer dans cette même Passion, ici et maintenant, de la manière concrète qu'il a conçue. Voir : Le sacrifice de la messe.