Le grec du Nouveau Testament dans Marc 14:22, Matthieu 26:26 et Luc 22:19 se lit ainsi - traduit, bien sûr, en caractères anglais : "Touto estin to soma mou. "(Le récit le plus ancien des paroles de consécration dans 1 Corinthiens 11:24 est légèrement différent. Paul les présente comme suit : " Touto mou estin to soma mou " : " Touto mou estin to soma. "Dans les deux cas, la traduction (par opposition à la translittération) est "Ceci est mon corps".

Les philologues nous disent que le verbe estin peut signifier "est réellement" ou "est figurativement". Mais la discussion de Paul sur la dernière Cène reflète clairement sa conviction que la Présence est réelle, et non figurative. Le discours de Paul pourrait être antérieur de huit ans aux premiers évangiles. Il est donc peu probable que Matthieu ou Marc aient voulu prendre estin au sens figuré.

En outre, le mot grec utilisé dans Jean 6:52-58 pour désigner le corps est sarx, qui signifie très précisément et uniquement "chair physique". Les spécialistes de l'araméen avec lesquels je me suis entretenu me disent que sarx est le mot grec le plus proche de l'araméen bisra, que Jésus lui-même utilisait.

Ignace d'Antioche nous apporte encore plus de preuves de l'existence de la toute première Église. J'ai dû me replonger dans la version grecque que j'ai de lui, un peu plus en lambeaux qu'elle ne l'était en 1953 lorsque je l'ai eue pour la première fois. Ignace a écrit vers l'an 110, environ 10 ans après la mort de Jean. Il parle ici de "certaines personnes" qui commençaient à avoir des "opinions hétérodoxes" qu'il jugeait "contraires à la pensée de Dieu" - un langage fort pour le disciple personnel du dernier apôtre. Autant que je puisse m'en approcher, Ignace dit :

"Ces gens s'abstiennent de l'Eucharistie comme de la prière parce qu'ils n'admettent pas que l'Eucharistie est la chair de notre Sauveur Jésus-Christ, chair qui a souffert pour nos péchés et que le Père, dans sa bonté, a ressuscitée d'entre les morts" (Lettre aux Smyrnéens, 6, 2).

Ignace a reçu l'enseignement de Jean lui-même, et la succession apostolique dans ce cas va au-delà de l'imposition des mains. Il me semble improbable, voire impossible, de croire qu'Ignace ait pu adhérer à une doctrine contraire à celle que lui avait enseignée le disciple bien-aimé.