Près de trois décennies se sont écoulées entre la Crucifixion et les premiers livres du Nouveau Testament, et près de huit décennies entre la Crucifixion et le dernier d'entre eux. Deux générations au moins ont été privées du livre de l'Apocalypse, certainement l'un des livres les plus critiques de la Bible. De nombreux chrétiens étaient déjà morts pour le Christ, mais n'avaient jamais entendu les paroles de Paul, pour la simple raison que ce dernier ne les avait pas encore écrites. En effet, au moins un chrétien est mort en conséquence directe et voulue de Paul lui-même : Étienne. Devons-nous donc exclure Étienne du salut parce qu'il ne connaissait pas les écrits de Paul qui n'avaient pas encore été rédigés ?

Tous les enseignements des apôtres sont des enseignements "traditionnels", non "écrits" - "traditionnels" au sens radical (racine) du terme, du latin "tradere", remettre (et non pas "descendre" comme tant d'autres l'entendent - et l'idée de "commerce", également dérivée de ce verbe, n'y entre pas non plus, impliquant un échange d'une sorte ou d'une autre), simplement la transmission d'une personne à une autre. La Bible est la partie écrite de la Tradition, comme le prouve amplement Jean lui-même à la toute fin de son Évangile, lorsqu'il dit que "Jésus a fait et dit beaucoup d'autres choses, si nombreuses, je pense, que si elles étaient toutes écrites, le monde lui-même ne serait pas assez grand pour contenir les livres qu'il faudrait écrire pour les contenir". Même pris dans leur sens le plus doux, ces mots signifient inévitablement que la Bible ne peut en aucun cas être considérée comme le compte rendu complet de tout ce que Jésus a fait, dit ou enseigné.

La plupart des croyances et des pratiques que les fondamentalistes condamnent chez les catholiques sont enracinées dans la Tradition sacrée, la partie non écrite, mais je dois également m'assurer qu'il est bien entendu qu'aucune Tradition, aussi ancienne soit-elle, ne peut contredire l'Écriture.

La révélation est un tout ; ce n'est pas un patchwork dans lequel nous choisissons les éléments qui nous plaisent ou qui nous menacent le moins. Le salut et la révélation sont un tout - ils vont ensemble, et nous acceptons tout ou rien.