Si Dieu est omniscient, sait tout de nous et connaît même nos pensées avant que nous les formulions (Ps 139, 4), pourquoi prendre le temps de prier ? Ne suffit-il pas qu’Il sache ce dont nous avons besoin ? Cette objection suppose que la prière servirait avant tout à informer Dieu de nos besoins ou à modifier Ses plans. Or, la prière n’est pas un outil pour changer Dieu, mais pour nous changer nous-mêmes. Elle est un acte par lequel nous entrons librement en relation avec Lui et coopérons à son dessein.

Dans la Somme théologique (IIa-IIae, q. 83, a. 2), saint Thomas explique que nous ne prions pas pour informer Dieu, mais pour disposer notre cœur à recevoir ce qu’Il a déjà prévu de nous donner :

« Nous prions non pas pour informer Dieu ou pour lui faire connaître nos désirs, mais pour que nous-mêmes considérions que nous avons besoin de recourir à Dieu, et pour que nous méritions de recevoir ce qu’il a déjà résolu de nous accorder. »

La prière devient donc un moyen voulu par Dieu pour que nous participions activement à la grâce qu’Il a déjà préparée pour nous.

La finalité ultime de la prière n’est pas d’obtenir tout ce que nous voulons, mais d’unir notre volonté à celle de Dieu. Jésus Lui-même en donne l’exemple au Jardin des Oliviers : « Père, non pas ma volonté, mais la tienne. » (Lc 22, 42)

En priant, nous entrons dans un processus de transformation intérieure où nos désirs s’affinent, nos demandes se purifient et notre cœur apprend à aimer ce que Dieu veut. Comme le souligne saint Augustin : « La prière ne sert pas à fléchir Dieu, mais à former celui qui prie. » (Lettre à Proba, 130)

Sainte Thérèse d’Avila va dans le même sens : « La prière mentale n’est à mon avis qu’un commerce intime d’amitié où l’on s’entretient souvent seul à seul avec ce Dieu dont on se sait aimé. »

Ainsi, la prière est moins une tentative d’influencer le plan divin qu’un apprentissage de la docilité à ce plan.

Le Catéchisme de l’Église catholique (CEC §2735-2736) enseigne que la prière est un acte de foi et d’amour :

« Notre Père sait bien ce dont nous avons besoin avant que nous le lui demandions, mais il attend notre demande parce que la dignité des enfants de Dieu est dans leur liberté. »

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