Manquer de quelque chose, c'est tout simplement ne pas avoir cette chose ; être privé de quelque chose, c'est avoir subi la perte de cette chose. Par exemple, en tant qu'être humain, je suis naturellement dépourvu d'ailes. Je n'ai pas été privé d'ailes, puisque les ailes ne font pas partie de la nature humaine. Inversement, un oiseau manque de bras, mais n'en est pas privé, car les bras ne font pas partie de la nature aviaire. Si j'étais né sans bras, j'en aurais été privé par une malformation congénitale, car ils font partie de la nature humaine, tout comme un oiseau né sans ailes en serait privé et ne serait pas seulement dépourvu d'ailes.

Lorsque Dieu a créé l'homme, il aurait pu le créer dans ce qu'on appelle l'état de pure nature, dans lequel il n'avait pas la dotation surnaturelle de la grâce sanctifiante. Si la race humaine avait persisté dans cet état, les enfants seraient nés sans la grâce sanctifiante, mais sans en être privés. Au lieu de cela, Dieu a choisi de créer l'homme dans ce que l'on appelle l'état de nature élevé, dans lequel nos premiers parents ont été dotés de la grâce sanctifiante comme un don non seulement pour eux, mais aussi pour leur postérité. Malheureusement, ils ont perdu ce don pour eux-mêmes et pour nous, et nous sommes donc nés privés de la grâce sanctifiante. Cela a des conséquences. Si le péché originel est en soi la privation de la grâce sanctifiante, il entraîne également une nature déchue et corrompue, qui est la tache du péché originel.

À titre de comparaison, supposons que Dieu ait créé l'homme dans un état élevé, dans lequel nous sommes dotés non seulement des bras et des jambes propres à notre nature, mais aussi d'un don supplémentaire : des ailes. Supposons alors qu'Adam et Ève aient fait quelque chose qui non seulement leur a fait perdre leur propre pouvoir de voler, mais qui a également entraîné la naissance de leur progéniture avec des ailes rabougries et non fonctionnelles. Cela poserait des problèmes à la nature humaine, et même si Dieu redonnait plus tard des ailes aux croyants individuels comme un acte de grâce, nous pourrions toujours souffrir de problèmes dus aux dommages génétiques qui nous ont fait perdre notre pouvoir de voler en premier lieu.