Le simple fait de citer la Bible comme faisant autorité n'implique pas que l'auteur de la question pense que seule la Bible fait autorité. Les catholiques, après tout, citent l'Écriture à l'appui de leurs opinions, mais cela ne signifie pas qu'ils croient que la Bible est la seule règle de foi.

Les Juifs de l'époque de Jésus citaient la Bible pour défendre leurs croyances, mais ils suivaient aussi leurs traditions (Mt 15:2). Certaines étaient légitimes, d'autres non. Regardez l'attaque de Jésus contre l'une des traditions illégitimes : la coutume du Corban des pharisiens (Mt 15:4-9).

Certains interprètent son attaque comme un rejet de toute tradition et une affirmation du sola scriptura, mais cela montre seulement qu'il s'opposait aux traditions humaines qui contredisaient l'Écriture, et non qu'il rejetait toute tradition. On ne peut donc pas conclure, à partir de la simple citation de la Bible par Jésus, qu'il faut croire uniquement en la Bible ou que la Bible est la seule règle de foi et que toute tradition doit être rejetée.

Jésus a cité l'Ancien Testament parce qu'il s'agit de la parole de Dieu et qu'il fait donc autorité pour résoudre les questions théologiques qu'il aborde. En outre, comme l'Écriture était acceptée à la fois par Jésus et par ses adversaires, il pouvait y faire appel pour trouver un terrain d'entente entre eux. Dans ce cas, il a suivi sa pratique habituelle consistant à utiliser ce que ses ennemis, en théorie du moins, accepteraient comme étant contraignant.

Prenons l'exemple de sa dispute avec les sadducéens dans Matthieu 22:23-33 au sujet de la résurrection du corps. Les sadducéens, qui n'acceptaient comme source d'inspiration que le Pentateuque (les cinq premiers livres de l'Ancien Testament), ne croyaient pas en la résurrection du corps.

Pour les réfuter, le Christ n'a cité que le Pentateuque (Ex 3,6), non pas parce qu'il ne reconnaissait pas d'autres livres de l'Ancien Testament qui mentionnent explicitement la résurrection du corps (comme Daniel 12,2.13), mais parce que les sadducéens n'acceptaient pas ces autres livres. Un appel à une autorité qu'ils n'acceptaient pas aurait été inutile, et Jésus a donc prouvé son point de vue en se référant à une autorité que les sadducéens accepteraient.