Dire que l'homme riche devait être au purgatoire parce que l'amour ne peut pas exister en enfer est une conclusion basée sur une prémisse insoutenable. L'Église n'enseigne pas que les habitants de l'enfer sont dépourvus de toute forme d'amour. Il est vrai que l'amour surnaturel de Dieu ne peut exister en enfer, mais un amour désordonné est impliqué dans chaque péché mortel, et cet amour pervers subsistera.
Ce qui peut apparaître comme l'amour et le souci de l'homme riche pour ses frères n'est en fait rien d'autre qu'un intérêt personnel. Thomas d'Aquin a affirmé que l'homme riche savait que si ses proches étaient damnés, sa propre souffrance augmenterait. "Le châtiment [des damnés] serait plus grand si tous leurs proches étaient damnés et d'autres sauvés, que si certains de leurs proches étaient sauvés. C'est pourquoi l'homme riche pria pour que ses frères soient préservés de la damnation, car il savait que certains en sont préservés" (ST Supp.-III:98:4 ad 1).
Toujours selon l'Aquinate, les damnés sont dévorés d'envie pour ceux qui atteignent la gloire, même pour leurs propres parents, même si c'est à un degré moindre.
Dieu ne purge pas les gens de tous les types d'amour avant qu'ils n'entrent en enfer, mais en enfer, la séparation d'avec Dieu et son amour divin est accomplie pour toujours, rendant l'amour surnaturel, ou la charité, impossible. L'amour du mal, cependant, demeure.