Tout le monde reconnaît qu'une chose ne se résume pas à ses attributs physiques. Sinon, les attributs d'une chose ne seraient pas liés les uns aux autres, et nous ne pourrions pas du tout distinguer les choses particulières ; le monde serait un chaos d'attributs divers.

Supposons qu'il y ait un arbre devant votre fenêtre et qu'un geai bleu s'y trouve. Vos sens perçoivent toute une série d'attributs physiques : la couleur brune, la couleur verte et la couleur bleue, la texture rugueuse et l'aspect doux, le gazouillis et le bruissement. Toutes ces perceptions sensibles parviennent simultanément à votre cerveau, mais vous ne les percevez pas comme un amalgame, ni ne les regroupez pour les considérer comme une entité unique et continue, "l'oiseau sur l'arbre". Vous comprenez que certaines de ces propriétés (bleu, douceur, gazouillis) sont unies les unes aux autres et constituent une entité, tandis que les autres (rugosité, brillance, verdure, bruissement) constituent une autre entité. Au-delà des attributs sensibles que vous percevez, vous reconnaissez quelque chose de plus : des entités distinctes unissant en elles ces attributs et non ceux-ci.

Les récits bibliques nous parlent d'unions d'attributs qui semblent entièrement miraculeuses - par exemple, des anges apparaissant comme des êtres humains, parfois à tel point qu'on les prend pour des hommes. Il n'y aurait rien de manifestement miraculeux dans un attribut spécifique d'une telle vision. Les cheveux, la peau, les dents, les yeux, les doigts et les orteils auraient tous une apparence et une sensation parfaitement normales. Mais il n'y a pas de nature humaine sous-jacente à l'effet. Lorsque le miracle cesse, l'homme semble disparaître à nos yeux. Il y a une union d'attributs, mais une union entièrement miraculeuse, sans aucun principe naturel d'unité - aucune substance - qui la maintienne ensemble, comme dans le cas d'un homme réel.

Les catholiques croient qu'il en va de même pour les éléments eucharistiques après la consécration. Les attributs physiques du pain et du vin demeurent, mais d'une manière similaire aux attributs physiques de la chair humaine sous une apparence angélique. Ces apparences sont maintenues ensemble non pas par un principe naturel d'unité, comme dans le cas du pain ordinaire ou d'un être humain réel, mais par un miracle divin. Si le miracle cessait, les apparences du pain et du vin disparaîtraient (selon l'enseignement catholique) devant nos yeux.