Qu'est-ce que la "glose johannique" ?
La glose johannique ou virgule johannique, comme on l'appelle plus communément, est un passage interpolé qui apparaît dans 1 Jean 5:7-8, présenté ici entre parenthèses : "Car il y en a trois qui rendent témoignage [au ciel : le Père, le Verbe et le Saint-Esprit ; et ces trois-là ne font qu'un. Et il y en a trois qui rendent témoignage sur la terre] : l'Esprit, l'eau et le sang, et ces trois-là ne font qu'un".
La New Catholic Encyclopedia explique que
les phrases entre crochets figurent dans la version [Vulgate] de la Bible, la version officielle des Saintes Écritures pour le rite latin de l'Église. Parmi les érudits, ces phrases sont communément appelées la "virgule johannique". Sur la base des preuves manuscrites, les chercheurs mettent sérieusement en doute leur authenticité. La virgule est absente de tous les anciens manuscrits grecs du Nouveau Testament, à l'exception de quatre manuscrits assez récents datant du treizième au seizième siècle.
La virgule est absente des anciennes versions orientales telles que la Peshitta, la Philoxénienne, la Copte, l'Éthiopienne et l'Arménienne. Si la majorité des manuscrits latins de 1 Jean contiennent la virgule, les manuscrits plus anciens et de meilleure qualité, qu'il s'agisse de l'ancien latin ou de la Vulgate, en sont dépourvus. Le plus ancien manuscrit dans lequel elle apparaît date du neuvième siècle.
Les Pères de l'Orient ne citent pas la virgule johannique et n'y font pas référence dans leurs controverses christologiques. Cette omission indique que la virgule ne faisait pas partie du texte biblique de leur époque, car ils l'auraient certainement utilisée si elle y avait figuré. Certains auteurs latins du quatrième siècle, tout en se référant à 1 Jean 5:8b et en lui donnant une interprétation trinitaire, n'ont pas donné d'indication qu'ils connaissaient l'existence de la virgule en tant que passage scripturaire.
En raison de l'esprit trop critique qui prévalait à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, l'Église a jugé nécessaire, dans le décret du Saint-Office du 13 janvier 1897, de mettre en garde ses érudits contre un rejet ou un doute irréfléchi quant à l'authenticité de ce passage. Toutefois, dans un décret du 2 juin 1927, le Saint-Office a clarifié sa déclaration antérieure en déclarant que les érudits peuvent être enclins à douter ou à rejeter l'authenticité de la virgule johannique sous réserve d'un jugement à venir de l'Église. Aucun érudit n'accepte plus son authenticité. Mais même si la virgule n'est pas un passage biblique, elle est un témoignage ferme du fait que la foi des [premiers] chrétiens était pleinement trinitaire.