Saint Paul a-t-il contredit l'édit du Concile de Jérusalem qui interdisait la consommation de certaines viandes lorsqu'il a dit, dans 1 Cor. 8:8, "La nourriture ne nous recommandera pas à Dieu. Nous ne sommes pas plus malheureux si nous ne mangeons pas, et nous ne sommes pas meilleurs si nous mangeons" ?
Le concile de Florence en 1442 nous a donné la réponse à cette question en déclarant que les décrets alimentaires du concile de Jérusalem dans Actes 15:24-28 étaient temporaires. Bien sûr, le décret contre la "fornication" était permanent. Mais en ce qui concerne les règles alimentaires, le concile a traité d'un compromis consistant à imposer certaines règles alimentaires "juives" aux convertis païens afin qu'il puisse y avoir une harmonie dans la famille de Dieu. Il n'a jamais été question du problème des païens qui voulaient adorer une idole ou participer à l'adoration d'une idole en mangeant les sacrifices qui lui étaient offerts. Il s'agissait d'une question purement pastorale qui a été résolue, du moins en ce qui concerne les règles alimentaires, par une solution diététique et non dogmatique.
Saint Paul écrivait environ quinze ans après le concile, alors que les questions pastorales avaient changé dans le monde chrétien païen. La préoccupation du Concile pour l'unité entre Juifs et Gentils était largement dépassée. La situation s'était considérablement aggravée. Dans I Cor. 10:14-18, St Paul met en garde : "Évitez le culte des idoles". Le Concile n'avait pas eu à s'occuper de l'idolâtrie. Les païens venaient de se convertir et étaient "en feu", comme on dit aujourd'hui. Mais au moment où Paul écrit I Corinthiens, il doit avertir sévèrement les païens de ne pas revenir aux sacrifices païens, tout comme l'auteur inspiré d'Hébreux doit avertir les chrétiens juifs de ne pas être tentés de revenir au Temple, au sacerdoce de l'ancienne alliance, aux sacrifices, etc. (cf. Hébreux 6:4-6 ; 7:11-12 ; 10:25ss, etc.).
Ainsi, Paul a été contraint d'enseigner à nouveau à ces chrétiens païens que l'idole n'est rien en soi, pas plus que ses sacrifices (1 Cor. 8:4-8). Paul leur rappelle qu'il n'y a qu'un seul vrai Dieu et un seul Seigneur Jésus-Christ (v. 6). On peut manger ou ne pas manger, objectivement parlant, et cela n'a pas d'importance parce qu'en eux-mêmes ils ne sont rien (v. 8). Cela ne contredit en rien le concile qui traitait d'un autre sujet.
En fin de compte, Paul utilise un langage fort pour les avertir que s'ils choisissent de retourner offrir des sacrifices à leurs anciens dieux, les sacrifices ne sont rien en soi, et leurs dieux n'existent pas. Mais il les avertit aussi qu'ils s'ouvrent ainsi aux démons. Paul les exhorte à adorer et à recevoir Notre Seigneur dans l'Eucharistie, la seule véritable adoration du Dieu tout-puissant (cf. 1 Cor. 10:15-22). "Vous ne pouvez pas boire la coupe du Seigneur et la coupe des démons" (v. 21).